Chapter 21
Bien-être des donneurs : vue d’ensemble et perspectives
Introduction
Le système d’approvisionnement en sang repose sur les personnes qui font des dons : c’est leur constante participation qui est la base d’un approvisionnement sûr afin de sauver des vies et de garantir le bon fonctionnement du système de santé. Pour assurer la solidité du recrutement et de la rétention des donneurs, les procédures de don des fournisseurs de sang doivent être sans danger, efficaces et porteuses de sens.
Le chapitre 1 du présent guide fournit plus de détails sur l’organisation du système d’approvisionnement en sang au Canada. Le mandat de la Société canadienne du sang est précisé sur son site Web.
Dans ce chapitre, nous présenterons un bref historique du don de sang et évoquerons les divers aspects relatifs au bien-être et à la sécurité des donneurs. Vous trouverez des renseignements sur les motivations et les facteurs dissuasifs en matière de don, les répercussions sur la santé ainsi que sur les effets indésirables et leur prise en charge.
Le bien-être des donneurs en temps de guerre
Grâce à leur comportement altruiste, les donneurs sauvent et améliorent la vie de nombreuses personnes. Sans leur générosité, le système public d’approvisionnement en sang ne pourrait exister. Les dons de sang de civils en vue de soutenir les efforts de guerre ont ouvert la voie à notre système actuel. Dans cette section, nous passerons en revue l’historique de ces dons généreux. La Dre Jean Wang, médecin canadienne qui s’intéresse à l’histoire de la médecine transfusionnelle, a eu la gentillesse de partager avec nous des images d’affiches, de cartes postales et de timbres issus de sa collection personnelle1.
Le recrutement de donneurs pendant la guerre
Même s’il s’agit aujourd’hui d’une composante essentielle des soins aux patients, le système public d’approvisionnement en sang est relativement récent. Au tout début du XXe siècle, peu avant la Première Guerre mondiale, le sang était initialement stocké en dehors du corps humain, puis transfusé sans que l’on comprenne précisément les groupes sanguins et les tests de compatibilité entre les donneurs et les receveurs. Le citrate de sodium dont on avait découvert les propriétés anticoagulantes empêchait la coagulation du sang donné et permettait ainsi son « stockage » pour des transfusions ultérieures1. Pendant la Première Guerre, les soldats présentant des blessures moins graves ont fait partie des premiers donneurs de sang. Néanmoins, comme ces dons ne suffisaient pas à répondre à la demande en temps de guerre, les dons de civils sont devenus nécessaires.
En 1936, le premier service de transfusion disposant d’une base de donneurs civils a été mis en place par le Dr Frederic Durán Jorda à Barcelone, afin de répondre aux besoins vitaux de transfusions pendant la guerre civile espagnole2. En 1937, le Dr Norman Bethune, chirurgien canadien, a ensuite mis en place un service de don de sang similaire à Madrid et mis au point un véhicule spécial équipé d’un réfrigérateur alimenté au kérosène pour offrir un service de transfusion mobile, le Servicio Canadiense de Transfusion de Sangre (service canadien de transfusion de sang)1, 3, 4. En l’espace de cinq mois après le lancement de ce programme, l’équipe du Dr Bethune a permis l’approvisionnement en sang sur plus de 1 000 km au front, assurant jusqu’à 100 transfusions par jour3.
Toutefois, malgré ces progrès en matière de médecine transfusionnelle, la courte durée de conservation du sang total restait problématique. La recherche menée pour prolonger la durée de vie des produits a permis au Dr Charles R. Drew, chirurgien afro-américain formé à l’Université McGill, de faire d’intéressantes découvertes. Il a ainsi affiné les méthodes de prélèvement, de traitement et de stockage du plasma : en tant que directeur médical du projet Blood for Britain, il a introduit en 1940 des camions réfrigérés, appelés Bloodmobile, pour transporter le sang et servir de centres de prélèvement5, 6.
En soutien aux efforts de guerre pendant la Seconde Guerre mondiale, le Dr Charles Best, médecin canadien, a contribué à mettre au point des méthodes de production, de stockage et d’expédition de sérum lyophilisé dans des flacons en verre7. Ce sérum pouvait être réhydraté avec de l’eau distillée stérile afin d’être rapidement transfusé aux patients qui en avaient besoin. Léger, il avait une durée de conservation plus longue que le sang total, ce qui en faisait une ressource importante pour sauver des vies au front. Pendant la Seconde Guerre, le Canada est devenu le principal producteur de sérum lyophilisé avec plus d’un million de litres de sang prélevés dans le cadre de plus de 2,3 millions de dons canadiens. La majorité de ces dons provenaient des femmes.
De nombreuses campagnes, s’appuyant sur divers slogans et messages, ont été organisées pour recruter des donneurs. Souvent, le service postal canadien a été utilisé pour diffuser ces messages. Des cartes postales comportant des images patriotiques visaient à informer sur les collectes mobiles de dons de sang (figure 1) et des slogans encourageant le don étaient ajoutés à l’oblitération mécanique des timbres sur les lettres (figure 2). La Croix-Rouge a également distribué des dépliants afin de promouvoir les dons de sang (figure 3)1, en mettant l’accent sur la mission vitale des donneurs et sur des histoires conçues pour favoriser le moral des civils1. Ces campagnes de recrutement insistaient également sur le bien-être des donneurs et l’amélioration de la qualité des prélèvements. Elles contenaient souvent des suggestions de repas sains à prendre avant et après un don de sang total en vue de reconstituer le fer. En outre, étant donné qu’à l’époque, les dons présentant une teneur élevée en lipides interféraient avec la production de sérum lyophilisé, le matériel promotionnel encourageait les repas pauvres en graisses pendant jusqu’à six heures avant le don (figure 4).
Figure 1. Cartes postales de la Croix-Rouge canadienne incluant le mot d’ordre « They Never Fail You », représentant des employées de la Croix-Rouge pendant la Seconde Guerre mondiale au recto et les renseignements pour les rendez-vous à la collecte mobile de don de sang au verso. A. Employée de la Croix-Rouge en uniforme bleu, lors d’une collecte à Ilderton (Ontario). B. Conductrice bénévole pour une collecte à Elmwood (Ontario).
Images de la collection de la Dre Jean Wang, publiées avec son accord.
Figure 2. Oblitérations de timbres incluant des slogans encourageant le don de sang, utilisées par le service postal canadien pendant la Seconde Guerre mondiale. A. Ce slogan a été utilisé à Winnipeg de 1941 à 1942. B. Ce slogan bilingue a été utilisé à Ottawa de 1944 à 1945.
Images de la collection de la Dre Jean Wang, publiées avec son accord.
Figure 3. Dépliant de 1944 de la Croix-Rouge canadienne pendant la Seconde Guerre mondiale fournissant de l’information sur le don de sang et encourageant les volontaires à soutenir la production de sérum lyophilisé. On note la tombe du soldat John Canuck, héros de guerre canadien fictif dans des dessins humoristiques de l’époque.
Utilisé avec l’accord de la Dre Jean Wang.
Figure 4. Carte postale de 1943 donnant des conseils en matière d’alimentation avant et après le don. A. Au recto, on trouve des recommandations d’aliments à consommer après le don afin de reconstituer les réserves de fer. B. Au verso, la date du rendez-vous et les aliments à consommer avant le don, l’accent étant mis sur un régime alimentaire pauvre en gras dans le cadre de la campagne de production du sérum lyophilisé.
Images de la collection de la Dre Jean Wang, publiées avec son accord.
À la fin de la Seconde Guerre, le programme de don de sang en temps de guerre a été arrêté, mais un service national de transfusion sanguine a été réinstitué entre 1947 et 1948 par la Croix-Rouge canadienne (figure 5).
Figure 5. Publicité dans un journal de 1945 remerciant les donneurs volontaires qui ont soutenu les Forces armées canadiennes et envisageant la mise en place future d’un service de transfusion sanguine en temps de paix.
Image de la collection de la Dre Jean Wang, publiée avec son accord.
Depuis, le système d’approvisionnement en sang a continué d’évoluer et cherche à mieux appréhender l’expérience des donneurs à des fins d’amélioration et à moderniser les procédures de sélection afin de garantir la qualité et la sécurité du sang et des produits sanguins. Pour plus de détails sur les pratiques actuelles en matière de sélection et de dépistage des donneurs, veuillez consulter le chapitre 6 du Guide de la pratique transfusionnelle.
Différences d’accès à un approvisionnement en sang sûr et fiable dans le monde
En 2018, on comptait plus de 118 millions de dons de sang, dont 106 millions de dons de sang total et 12 millions de dons par aphérèse, effectués dans le monde8, parmi lesquels 89 % provenaient de volontaires non rémunérés8. Toutefois, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) fait état d’inégalités entre les pays à haut et à faible revenu, soulignant un manque d’accès à un approvisionnement sûr et fiable pour au moins 50 % de la population mondiale. Dans ce rapport, le Canada fait partie de la catégorie des pays à haut revenu. Environ 40 % des dons de sang mondiaux sont recueillis dans des pays à haut revenu, lesquels représentent 16 % de la population mondiale. Par comparaison, les pays appartenant à la catégorie « faible et moyen revenu » selon l’OMS représentent environ 25 % des dons mondiaux, mais 50 % de la population mondiale8. En dehors de l’Amérique du Nord, chaque région du monde a vu une hausse des collectes de sang entre 2008 et 2018 et ce, principalement en raison d’une augmentation des dons volontaires non rémunérés.
Au cours de cette période, les femmes représentaient 33 % des dons mondiaux, les Amériques faisant état de la plus forte proportion de donneuses (40 %) et les pays de la Méditerranée orientale de la plus faible proportion (6 %)8. Il y avait également de grandes différences entre les six régions du rapport de l’OMS en ce qui concerne les dons répétés de volontaires non rémunérés, allant de 20 % en Amérique centrale et du Sud à 90 % en Europe.
Par ailleurs, l’OMS a recueilli des données concernant l’exclusion des donneurs, organisées selon de larges catégories. Parmi les régions disposant de critères et de procédures de sélection au don, la proportion d’exclusion allait de 6,3 % en Afrique à 11,3 % en Europe et 20,3 % dans les Amériques. La majorité des exclusions de donneurs dans les pays à haut et moyen revenu étaient liées à la non-satisfaction du critère relatif à l’hémoglobine. Dans les pays à haut revenu, l’historique de voyages constituait la deuxième cause la plus fréquente d’exclusion alors que dans les pays à revenu moyen supérieur, il s’agissait de comportements pouvant accroître les risques d’acquisition d’infections transmissibles. Pour les pays à faible revenu, le critère de poids et un taux d’hémoglobine bas étaient les deux premières raisons de l’exclusion des donneurs.
En résumé, malgré la hausse des dons de sang enregistrée entre 2008 et 2018 dans le monde, les régions à faible revenu qui représentent la majorité de la population continuent de faire face à des défis majeurs. À l’échelle internationale, les donneurs sont le plus souvent exclus du fait de taux d’hémoglobine inadéquats, ce qui met en évidence l’importance de la gestion des taux de fer et de la nutrition.
Perspectives des donneurs sur le don de sang et de plasma
Perceptions des donneurs concernant l’impact du don sur la santé
La recherche en sciences sociales s’intéresse de plus en plus aux motivations et aux obstacles en matière de don de sang9 et de plasma10 ainsi qu’aux concepts théoriques plus vastes de justice, de réciprocité, d’équité, de bienveillance11, de comportement prosocial 12 et d’altruisme13. Bien que peu d’études cherchent à comprendre les perceptions des donneurs concernant l’impact du don sur la santé, une analyse systématique a établi que les personnes (donneurs et non-donneurs) qui ont des croyances négatives sur les effets du don sur la santé font état de préoccupations concernant un risque accru de maladies infectieuses, une baisse de la vitalité, des réactions vasovagales et de faibles taux de fer14. Toutefois, il s’agit d’un domaine peu étudié, et on ne sait donc pas clairement si ces perceptions influent sur les décisions en matière de don14. D’autres ouvrages portent sur les activités liées aux donneurs qui encouragent leur bien-être en intégrant des initiatives de promotion de la santé et la détection précoce d’éventuels problèmes15, 16. Là encore, ce domaine fait l’objet de peu de recherches et on ne sait pas si ce type d’activités incitent au don. Un examen plus approfondi de la littérature sur la science sociale du don peut éclairer sur les motivations et les expériences des donneurs de sang et de plasma et montrer en quoi le don s’inscrit dans une expérience sociale plus vaste qui ne se limite pas aux résultats de santé.
Influences sur le plan sociétal
La science sociale du don de sang met principalement l’accent sur les facteurs individuels (motivations, éléments dissuasifs et expériences). Pour autant, la recherche plus récente explore également comment les facteurs contextuels d’environnements spécifiques influent sur l’expérience des donneurs. De même, la littérature sur le don de plasma s’intéresse aux facteurs individuels associés à la conversion de donneurs de sang total en donneurs de plasma. Cela a donné lieu à un appel à la recherche sur les facteurs qui incitent les donneurs de produits sanguins autres que le sang total à donner également du plasma, en mettant l’accent sur les influences sociétales plus larges10.
Il s’agit ainsi d’explorer des problématiques associées aux contextes social, politique et économique (p. ex. économie, mouvements de justice sociale, effets d’une pandémie mondiale), institutionnel (p. ex. comment les services de sang fonctionnent dans le cadre de systèmes plus vastes de santé publique, la réglementation changeante entourant les produits sanguins, le système scientifique/d’innovation dans les universités et les systèmes de financement) ou encore organisationnel (p. ex. politiques d’exclusion et emplacements pour les centre de dons), ainsi qu’au contexte personnel de chacun (p. ex. origine ethnique, emploi, éducation, famille et culture). Chacun de ces facteurs contextuels peut agir en synergie et se superposer.
C’est dans ce sens que l’on a étudié les groupes qui sont marginalisés depuis toujours et les critères d’admissibilité des donneurs. Dans certains cas, ces études sont menées précisément en réponse à des mouvements sociaux qui cherchent à lutter contre la marginalisation ou la discrimination et portent sur des critères d’exclusion initialement mis en place pour garantir la sécurité des transfusions des produits sanguins17-19. Récemment, la recherche tend également à explorer les changements organisationnels qui ont trait au système d’approvisionnement sanguin afin qu’il soit plus inclusif pour tous, p. ex. en incluant la diversité de genre20, 21 et les populations racialisées22.
La recherche a identifié divers obstacles au don de sang parmi les populations racialisées. Ainsi, une étude portant sur les communautés noires à Montréal a montré que la méfiance et la perception d’une exclusion sociale constituaient des barrières au don, tandis que le désir d’aider sa famille et sa communauté étaient des facteurs incitatifs23. Ces résultats ont trouvé écho dans une étude plus récente menée par Haw et ses collègues. Cette étude a mis en évidence des obstacles se chevauchant à de multiples niveaux pour les donneurs d’origine africaine au Canada, qu’il s’agisse de racisme systémique et de méfiance vis-à-vis du système de santé ou d’un manque d’information sur le processus de don de sang22. Il reste encore beaucoup à faire pour élaborer et déployer des stratégies visant à faire tomber les obstacles non encore identifiés qui affectent tous les groupes privés d’équité.
Les facteurs contextuels qui ont été explorés en lien avec le don de plasma incluent l’examen des hypothèses concernant le paiement du plasma et le rôle du secteur commercial dans la fabrication du plasma24, 25.D’après une étude sur les donneurs de plasma résidant au Canada, certains sont opposés à la collecte commerciale de plasma dans le pays, car selon eux, cela pourrait mettre à mal le système national de santé publique24. Au Canada, la recherche a également mis en évidence le caractère essentiel du personnel des centres de plasma (personnel infirmier et phlébotomistes) pour créer une expérience de don favorisant la rétention26 et l’importance des rétroactions du personnel pour permettre aux donneurs d’avoir la meilleure expérience27.
De futurs projets menés sur des populations spécifiques et leur interaction avec différents contextes social, politique et culturel pourront éclairer les pratiques, expériences et motivations des donneurs. Néanmoins, le problème le plus urgent dans ce domaine est probablement que la majorité de la population ne fait pas de don. C’est pourquoi les chercheurs se tournent vers des stratégies innovantes, comme la recherche participative basée sur la communauté, afin de comprendre de manière plus nuancée et plus détaillée les populations qui ne font pas de dons et les influences possibles des changements sociétaux quant aux perceptions sur le don.
Si l’impact du don sur la santé fait actuellement l’objet de peu d’études, on trouve en revanche une littérature de plus en plus abondante sur les expériences de don dans le cadre plus vaste des influences sociétales. Ces influences s’entremêlent avec les systèmes de santé et la santé publique en général, faisant du lien entre don et bien-être du donneur un enjeu important pour les recherches futures.
Les politiques de sélection des donneurs et leurs répercussions sur les groupes privés d’équité
Aujourd’hui, on cherche de plus en plus à comprendre comment les politiques de sélection des donneurs, initialement conçues pour garantir la sécurité du système de sang, se répercutent sur les groupes privés d’équité17, 18, 28. Il s’agit d’explorer et de mettre en œuvre des changements qui rendront le système de sang plus inclusif pour tous.
Historiquement, ce sont les groupes privés d’équité, tels que les communautés 2SLGBTQIA+21, 29 et d’origines ethniques diverses22, 30, 31, qui ont subi les conséquences des politiques de sélection des donneurs. Par exemple, en 1992, les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes depuis 1977, n’ont plus été autorisés à faire des dons du fait du risque croissant du sida, maladie alors émergente. Cette politique de sélection a ainsi empêché de nombreuses personnes de la communauté 2SLBGTQIA+ de donner du sang. En 2021, les critères de don de plasma ont été modifiés afin de permettre aux hommes bisexuels, queer ou ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes de faire des dons. En 2022, la Société canadienne du sang a modifié son processus de sélection et supprimé les questions concernant l’orientation sexuelle, les remplaçant par des questions sur les pratiques sexuelles dans tous les questionnaires d’admissibilité, quels que soient l’orientation sexuelle ou le genre. Cette approche plus inclusive est due à divers éléments : consultations menées en continu avec les groupes de patients, défense des intérêts des organisations 2SLGBTQIA+ et activités de recherche canadiennes et internationales ayant montré que ce changement est sûr et nécessaire. Pour en savoir plus, rendez-vous à la page sur la sélection basée sur les pratiques sexuelles.
Possibles avantages de santé liés au don de sang ou de plasma
Par le passé, les avantages du don pour la santé des donneurs ont fait les gros titres des journaux. Malheureusement, beaucoup de ces bienfaits annoncés ne sont pas étayés par des données scientifiques solides ayant fait l’objet de publications et peuvent donc être trompeuses.
De nombreuses études mettent l’accent sur les bienfaits cardiovasculaires du don de sang. L’hypothèse selon laquelle des dons fréquents favorisent la santé cardiovasculaire chez des donneurs en bonne santé en prévenant la surcharge en fer et en réduisant la viscosité sanguine ne s’appuie pas sur des données de grande qualité32, 33. De plus, un examen systématique n’a montré aucun lien entre le don et l’amélioration de la santé cardiovasculaire, les résultats étant hétérogènes entre les études de qualité supérieure, toutes non randomisées33. L’inconvénient majeur des études non randomisées est qu’elles ne permettent pas de corriger « l’effet du donneur en bonne santé », dans la mesure où les sujets sélectionnées sont de fait en bonne santé étant donné le processus de sélection rigoureux33.
Une exception concerne les personnes atteintes d’hémochromatose héréditaire, une maladie qui peut prédisposer à la surcharge en fer et éventuellement compromettre la santé cardiovasculaire (voir le tableau 1). Ces personnes doivent souvent alors subir des phlébotomies thérapeutiques (saignées régulières visant à réduire les réserves de fer). Si elles répondent aux critères d'admissibilité, les personnes atteintes d’hémochromatose peuvent faire des dons de sang total pour conserver les avantages des phlébotomies34. La supervision du médecin traitant est néanmoins nécessaire, dans la mesure où l’intervalle minimum entre les dons peut être insuffisant pour prévenir la surcharge en fer. De même, d’autres états physiologiques et pathologiques sont associés avec une numération érythrocytaire élevée, mais le rôle du don de sang dans la prise en charge du patient est variable (tableau 1).
Tableau 1 : États avec élévation de la numération érythrocytaire (polycythémie) ou du fer et rôle du don de sang dans la prise en charge35
|
État |
La maladie sous-jacente est-elle cause d’exclusion? | Des données probantes appuient-elles le recours aux phlébotomies dans certains cas? |
|---|---|---|
| Hémochromatose héréditaire | Non | Oui |
| État d’hypoxémie chronique dû à une apnée du sommeil obstructive | Non | Non |
| État d’hypoxémie chronique dû à des pathologies pulmonaires et cardiaques | Oui | Non |
| Troubles myéloprolifératifs, y compris maladie de Vaquez | Oui | Oui |
| Hémoglobine à haute affinité | Oui | Oui |
| Autres : tabagisme, médication (p. ex. supplémentation en érythropoïétine/testostérone), résidence en haute altitude | Non | Non |
Pour les donneurs de plasma, aucune étude n’a démontré de bénéfice de santé lié au don. Après un don, une diminution aiguë et temporaire des taux de cholestérol circulant et de la pression artérielle n’a pas d’incidence durable sur la santé cardiovasculaire à long terme36, 37.
Par ailleurs, certains considèrent que les donneurs tirent profit d’un examen clinique réalisé au moment du don. Or, le questionnaire de sélection et les analyses de sang effectuées aux centres de collecte ne doivent pas être considérés équivalents à un bilan de santé global ou préventif, sachant que la procédure de sélection évalue uniquement l’admissibilité au don. Pour le don, la routine obligatoire n’inclut ni consignation complète des signes vitaux, ni examen clinique. Les donneurs sont soumis à une évaluation limitée du site de la ponction et de la veine servant à la phlébotomie.
Les analyses effectuées avant le don permettent de s’assurer que le taux d’hémoglobine est suffisamment élevé et les analyses des échantillons du donneur après le don servent au typage du sang et au dépistage d’agents infectieux particuliers. Pour en savoir plus sur la sélection des donneurs et les analyses effectuées, il convient de consulter le chapitre 6 du Guide de la pratique transfusionnelle et le rapport de surveillance annuel de la Société canadienne du sang. Dans certains cas, le taux de ferritine est également mesuré afin d’évaluer les réserves de fer et la numération plaquettaire est déterminée pour les donneurs de plaquettes par aphérèse.
Il arrive que les donneurs découvrent des résultats anormaux ou indéfinis dans le rapport effectué lors de la sélection. En général, les fournisseurs de sang recommandent de consulter un médecin pour une prise en charge supplémentaire après avoir fourni une description par écrit des anomalies constatées. Les donneurs sont également informés s’ils possèdent un groupe sanguin rare. Il peut être important d’avoir connaissance de cette information pour une future grossesse ou des transfusions nécessaires.
Le don de sang volontaire est un acte d’altruisme et peut générer, d’après des études, des émotions positives, certains parlant d’effet du « don gratifiant »38. Cependant, l’impact de ce bien-être émotionnel sur la santé du donneur et sa longévité n’est pas étudié.
Effets indésirables chez les donneurs de sang total
Le don de sang total et le don par aphérèse sont deux modalités de don. Elles sont décrites plus en détail au chapitre 2 et au chapitre 18 du Guide de la pratique transfusionnelle. Les effets indésirables associés au don de sang total sont présentés au tableau 2.
Tableau 2 : Effets indésirables liés au don de sang total et fréquence†
| Effet indésirable | Définition | Fréquence (pour 10 000 dons)39 |
Fréquence d’un effet indésirable entraînant l’échec du don40 |
|---|---|---|---|
| Événement vasovagal | Présyncope ou syncope | 0,014% | |
| Léger | Pas de perte de connaissance | 1,63 | |
| Modéré | Perte de connaissance < 60 sec. et absence de complications | 0,27 | |
| Grave | Perte de connaissance ≥ 60 sec. avec ou sans perte de contrôle de la vessie et des intestins ou blessure | 0,05 | |
| Événement cardiovasculaire majeur | Symptômes cardiaques aigus, infarctus du myocarde, arrêt cardiaque, accident ischémique transitoire, accident vasculaire cérébral, décès dans les 24 heures suivant le don (possiblement lié ou non au don) | 0,005 - 0,01 | s.o. |
| Ponction d’une artère | Aiguille insérée dans une artère au lieu d’une veine | 0,3 | 0,0016% |
| Ecchymose/hématome | Changement de couleur de la peau du fait d’une fuite de sang provenant d’un vaisseau au moment de la phlébotomie | 8,7 | 0,271% |
| Reprise d’un saignement | Saignement survenant au niveau du point de ponction après le don | 0,11 | s.o. |
| Lésion d’un nerf | Irritation ou lésion d’un nerf liée à l’aiguille durant la phlébotomie | 0,2 | s.o. |
| Immédiat | Immédiatement après ou pendant la phlébotomie | ||
| Prolongé | Effet persistant ≥ 1 an après le don | ||
| Inflammation ou infection | Rougeur ou infection au point de ponction, généralement plusieurs jours après le don | 0,03 | s.o. |
| Réactions allergiques locales | Éruption cutanée liée à la solution de nettoyage de la peau ou au pansement | 0,03 | s.o. |
| Douleur au bras | Douleur liée au brassard du tensiomètre, au tourniquet ou à la position du bras | 0,29 | s.o. |
| †Certains taux de survenue d’effets indésirables liés au don sont supérieurs chez les personnes qui donnent pour la première fois, qui sont inscrites en tant que femme ou qui sont plus jeunes (p. ex. réactions vasovagales). Des précisions à ce sujet figurent dans le texte ci-dessous. | |||
Certains effets indésirables liés au don sont fréquents aussi bien pour les procédures de don de sang total que pour le don par aphérèse41. À ce sujet, on dispose d’un plus grand nombre de données issues d’études sur le don de sang total. Les effets indésirables liés au don sont notamment les réactions vasovagales, les ecchymoses et hématomes, les lésions nerveuses, les réactions allergiques locales, les inflammations localisées, le déficit en fer et les événements cardiovasculaires majeurs. Les taux d’effets indésirables sont plus élevés chez les nouveaux donneurs, les personnes jeunes et les femmes42. Les aspects et facteurs spécifiques des effets indésirables associés au don de sang total et au don par aphérèse sont évoqués ci-après.
Réactions vasovagales
La Société internationale de transfusion sanguine (SITS) définit la réaction vasovagale comme un sentiment général d’inconfort et de faiblesse associé à de l’anxiété, un étourdissement et des nausées, pouvant entraîner une perte de connaissance43. La réaction vasovagale peut être :
- légère lorsqu’elle n’est pas associée à une perte de connaissance;
- modérée lorsque la perte de connaissance dure moins de 60 secondes et n’entraîne pas de complications;
- grave lorsque la perte de connaissance dure au moins 60 secondes et entraîne une blessure ou des complications, telles que la perte de contrôle de la vessie ou des intestins.
Les réactions vasovagales surviennent le plus souvent pendant ou juste après le don au centre de collecte, mais peuvent aussi être retardées.
Une réaction vasovagale légère est l’effet indésirable le plus fréquent chez les donneurs. Bien que cet effet apparaisse davantage en cas de don de sang total, il peut aussi survenir après un don par aphérèse43. Les facteurs de risque sont notamment le jeune âge (moins de 25 ans), le sexe féminin, le statut de nouveau donneur et un faible volume sanguin estimé. D’autres facteurs de risque sont indiqués dans le tableau 342.
Tableau 3. Facteurs de risque et rapport des cotes (si connu) des réactions vasovagales (RVV) pour les dons de sang total (adapté de Thijsen & Masser42)
| Caractéristiques observables du donneur | Caractéristiques non observables du donneur | Facteurs contextuels |
|---|---|---|
|
|
Parmi les stratégies d’atténuation du risque de réactions vasovagales liées au don de sang total, on peut citer la fourniture d’eau et d’en-cas salés avant le don, ce qui permet une réduction de 15 % de ce type de réactions48, 49. D’autres stratégies possibles sont présentées au tableau 448.
Tableau 4. Efficacité des stratégies d’atténuation du risque de réactions vasovagales (RVV) pour le don de sang total50
| Stratégie d’atténuation du risque de RVV |
Effet sur la RVV |
|---|---|
| Consommation d’eau dans l’intervalle entourant le don | L’ingestion de 330 à 500 ml d’eau ou de solution isotonique a démontré une réduction du taux de réactions vasovagales avec un rapport des cotes de 0,74. |
| Tension musculaire appliquée (TMA) |
L’efficacité de cette méthode n’est pas clairement établie du fait d’un manque de standardisation dans les différentes études. Dans la littérature, la TMA a été associée à des effets variables sur la RVV signalée par le phlébotomiste et par le patient et sur sa gravité. |
| Consommation importante d’eau, en-cas salés et TMA | Les en-cas salés associés à de l’eau et à la TMA ont montré une réduction de 25 % des taux de réactions vasovagales avec perte de connaissance. |
| Soutien social | L’accompagnement par un tiers qualifié pour fournir du soutien et être rassurant a réduit les réactions vasovagales chez les donneurs ayant réalisé moins de trois dons et a accru la probabilité de don l’année suivante. |
| Évaluation de la crainte pré-don associée à un dépliant récapitulant les méthodes fondées sur des preuves pour atténuer les effets indésirables liés au stress ainsi qu’une conversation personnalisée concernant les stratégies de réduction des craintes du donneur | Il a été démontré que cette méthode améliore la perception du soutien, ce qui a été associé à une réduction de la douleur liée à la ponction veineuse. Il existe un lien avéré entre la douleur liée à la ponction veineuse et la RVV auto-déclarée. |
| Distraction, p. ex. attention portée sur le bras non utilisé pour le don | Il a été démontré que les distractions améliorent l’efficacité de la TMA. |
| Techniques respiratoires | Il a été démontré que les techniques respiratoires sont bénéfiques pour les donneurs qui n’ont pas trop peur. |
Réactions allergiques locales
Une réaction allergique locale est définie par une rougeur ou une irritation de la peau au site de la ponction veineuse43. Elle peut être causée par des produits utilisés pour désinfecter comme la chlorhexidine, des pansements adhésifs ou une exposition au latex. La réaction peut être limitée au site de la ponction ou s’étendre sur une plus grande partie du bras. Elle peut également survenir de manière immédiate ou retardée après le don. Dans la plupart des centres de collecte, les donneurs peuvent généralement demander un autre désinfectant ou pansement pour éviter une réaction allergique.
Inflammation localisée
L’inflammation localisée au point de ponction peut être liée à une thrombophlébite ou à une cellulite (inflammation des couches de la peau). La thrombophlébite peut être provoquée par un traumatisme ou une inflammation de la veine concernée et se manifeste par des rougeurs, un gonflement et une sensibilité au toucher le long de la veine. La cellulite peut être due à une stérilisation inadéquate du point de ponction veineuse et les symptômes incluent rougeur, gonflement et sensibilité au toucher au niveau du point de ponction, mais sans localisation veineuse43.
Ecchymose/hématome et ponction artérielle
Les ecchymoses et hématomes sont des effets indésirables courants des dons de sang total et par aphérèse. Ils résultent de l’extravasation sanguine hors du point de ponction et n’entraînent en général pas de complication supplémentaire.
Dans de rares cas, un hématome peut survenir après la ponction accidentelle d’une artère lors de la tentative de ponction veineuse. Les ponctions artérielles nécessitent de comprimer de manière prolongée le site de la ponction afin d’éviter la formation d’un large hématome et d’un syndrome des loges. Si les hématomes sont courants, les ponctions artérielles constituent un événement rare.
Lésion/irritation d’un nerf
La lésion et l’irritation d’un nerf peut entraîner des douleurs prolongées au niveau du bras à la suite d’une phlébotomie. Les nerfs dépendent souvent de leur proximité aux vaisseaux sanguins pour bénéficier d’un approvisionnement passif en nutriments. Chez certaines personnes, les nerfs peuvent être entremêlés avec les vaisseaux sanguins qui les recouvrent dans la fosse antécubitale (pli du coude), d’où le risque de lésion directe durant la phlébotomie sans preuve de traumatisme ou de technique inadéquate. Il semblerait que les branches cutanées des nerfs médian et radial soient alors souvent touchées51. Les facteurs de risque de lésion nerveuse incluent l’anatomie de chacun et la taille de l’aiguille. Le plus souvent, la lésion se limite à la gaine de myéline qui entoure le nerf et agit comme couche externe protectrice et isolante. On parle alors de neuropraxie et les symptômes s’améliorent rapidement. Une lésion axonale sans atteinte des tissus conjonctifs, également appelée « axonotmèse », est due à une blessure plus grave touchant à la fois la gaine de myéline, mais aussi le nerf lui-même sans qu’il soit complètement sectionné. La neurotmèse, la plus grave des lésions nerveuses, correspond à un nerf totalement sectionné51. En cas de lésion axonale, il y a une dégénérescence de l’extrémité distale de l’axone du fait des macrophages selon un processus appelé « dégénérescence wallérienne ». À l’inverse, le segment proximal subit une dégénérescence rétrograde suivie d’un processus de régénération. Toutefois, ce processus peut prendre du temps, sachant que la croissance des axones a lieu à un rythme de 1 à 2 mm par jour52. De ce fait, la guérison des symptômes suivant une lésion axonale peut durer des mois : ainsi, 70 %, 93 % et 96 % des dommages se résorbent en 1, 3 et 6 mois, respectivement51. Dans un cas pour 1,5 million de donneurs, la lésion nerveuse entraîne des symptômes chroniques. Une atteinte des nocicepteurs des fibres C provoque des sensations de brûlure et des douleurs lancinantes, alors qu’une atteinte des fibres sensitives A-bêta et A-delta aura pour conséquence une paresthésie et une dysesthésie. La prise en charge des symptômes peut s’avérer délicate52. Une supplémentation en vitamine B12 et en folate est importante pour la formation de la gaine de myéline. Sachant que des études chez l’animal portant sur des médicaments anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) ont montré une amélioration de la croissance axonale et une remyélinisation, ces médicaments peuvent être envisagés chez les donneurs ayant subi une lésion nerveuse52.
Événements cardiovasculaires majeurs
Les événements cardiovasculaires majeurs (MACE) sont par exemple l’infarctus du myocarde, l’arrêt cardiaque, d’autres symptômes cardiaques aigus, l’accident ischémique transitoire, l’accident vasculaire cérébral ou le décès dans les 24 heures suivant le don de sang43. Il s’agit d’effets indésirables excessivement rares, observés à raison de 0,01 et 0,05 pour 100 000 donneurs de sang total et de sang par aphérèse, respectivement41. De plus, il est souvent difficile de prouver l’imputabilité du don en cas de MACE. Le questionnaire de sélection des donneurs joue un rôle important pour identifier les personnes à risque et les exclure du don.
Déficit en fer
Le déficit en fer est une carence nutritionnelle fréquente dans la population générale qui peut être encore plus exacerbée par le don de sang. Bien que souvent sous-estimé53-55, le déficit en fer sans anémie est fréquent chez les donneurs de sang.56 Jusqu’à 35 % des donneurs de sang total présentent un déficit en fer à la suite de dons réguliers.57 Chaque don de sang total contient 225 à 250 mg de fer. Les fournisseurs de sang au Canada, aux États-Unis, en Australie, en Suisse et aux Pays-Bas, entre autres, ont étudié les caractéristiques des donneurs qui influent sur les réserves de fer58-65. Les personnes jeunes (notamment celles âgées de moins de 25 ans), les femmes ou les personnes faisant plus de deux dons par an sont les plus à risque de présenter un déficit en fer à la suite de dons de sang total58, 63-66. Dans ce contexte, il peut être efficace d’avertir les donneurs concernés et de fournir une supplémentation en fer66, 67.
Actuellement, la plupart des fournisseurs de sang utilisent un test d’hémoglobine par ponction capillaire au niveau du doigt afin de s’assurer que le seuil minimum d’hémoglobine nécessaire pour pouvoir donner du sang est atteint. Ce seuil n’est pas le même en fonction des fournisseurs de sang. Au Canada, pour le don de sang total, il est fixé à 125 g/l pour les femmes et à 130 g/l pour les hommes, soit des niveaux plus élevés que ceux servant à indiquer une anémie clinique. La non-atteinte de ce seuil d’hémoglobine est la cause la plus fréquente d’exclusion de donneurs de sang, par ailleurs en bonne santé. Chez la plupart des donneurs de sang total qui ne répondent pas à ce critère, les faibles réserves de fer sont le plus souvent en cause. Toutefois, les réserves de fer sont souvent réduites avant la baisse du taux d’hémoglobine. De fait, un taux d’hémoglobine inférieur à 130 g/l associé à un taux de ferritine inférieur à 10 µg/l est un facteur disposant d’une spécificité de 96 % pour prédire que la personne n’atteindra pas le critère d’hémoglobine lors des visites suivantes68. Ce test ne prend pas en compte d’autres facteurs importants qui peuvent affecter indépendamment les taux d’hémoglobine, p. ex. le trait thalassémique ou le déficit en vitamine B12.
Afin de mieux évaluer les réserves de fer, un test sélectif du taux de ferritine commence peu à peu à être mis en place parmi les fournisseurs de sang à l’échelle internationale. En janvier 2023, la Société canadienne du sang a commencé à effectuer un test du taux de ferritine chez les donneurs présentant le plus grand risque de développer un déficit en fer.
Le déficit en fer sans anémie peut engendrer de la fatigue, une diminution des capacités d’exercice, des modifications neurocognitives, un pica, un syndrome des jambes sans repos et une altération de la qualité de vie69-74. En l’absence de traitement, une progression vers une anémie ferriprive est possible. Celle-ci se manifeste notamment par une diminution de la fonction immunitaire, une altération des performances cognitives, des changements de comportement, une baisse de la performance thermorégulatrice et du métabolisme énergétique et une réduction des capacités d’exercice75, 76.
Il est possible de prévenir le déficit en fer lié aux dons de sang. Le tableau 5 présente les différentes stratégies d’atténuation du risque disponibles.
Tableau 5. Stratégies d’atténuation du risque de déficit en fer pour les donneurs de sang total
| Considérations liées à l’atténuation du risque de déficit en fer | Groupe à haut risque | Stratégies employées par les fournisseurs de sang |
|---|---|---|
| Critères d’admissibilité des donneurs | ||
| Âge | Donneurs âgés de moins de 25 ans | Modifier la fréquence de dons pour les donneurs plus jeunes. |
| Genre | Personnes inscrites comme femme |
Modifier les intervalles entre les dons pour permettre un délai plus long afin de restaurer les réserves de fer. Utiliser des seuils d’hémoglobine différents en fonction du genre si l’analyse de la ferritine n’est pas disponible. |
| Fréquence de don | Donneurs fréquents, en particulier ceux effectuant ≥ 2 dons par an |
Adaptation de la fréquence de dons pour garantir des réserves de fer suffisantes chez le donneur et un approvisionnement en sang durable. Les donneurs fréquents peuvent avoir des besoins supplémentaires, comme un suivi plus étroit des taux de ferritine ou des rappels accrus concernant une supplémentation en fer (si sans danger), etc. |
| Test des donneurs | ||
| Taux d’hémoglobine | Personnes dont le taux d’hémoglobine baisse ou qui ne répondent pas au seuil minimum pour faire un don sont probablement carencées en fer | Un sous-groupe de donneurs peut nécessiter une collaboration supplémentaire pour garantir que l’on met davantage l’accent sur la surveillance du taux de fer et la restauration des réserves ainsi que sur la réduction de la fréquence de dons. |
| Taux de ferritine | Personnes dont le taux de ferritine ≤ 25 mcg/l | Ce sous-groupe peut tirer profit d’une réduction de la fréquence de dons et d’une restauration des réserves de fer. |
Pour compenser un don de sang total77, une supplémentation quotidienne en fer élémentaire de 37,5 mg pendant au moins 8 semaines est nécessaire. Les donneurs qui prennent une supplémentation d’au moins 37,5 mg de fer élémentaire ont besoin d’environ 3 à 5 % moins de temps pour retrouver leur niveau d’hémoglobine pré-don78. Pour les personnes qui font des dons réguliers, notamment les personnes menstruées ou qui ont récemment été enceintes, il est très difficile de remplacer la quantité de fer perdu à cause des dons par la simple alimentation ou l’utilisation de multivitamines. Ces produits n’ont pas une teneur suffisante en fer pour assurer le rétablissement des réserves de fer79.
Les professionnels de la santé évaluant les donneurs qui présentent de faibles taux d’hémoglobine ou de ferritine peuvent renouveler les mesures à partir d’un échantillon veineux. D’autres tests reposent sur différents facteurs, p. ex. l’âge du patient, le statut menstruel, les antécédents de grossesse, les antécédents familiaux de cancer gastro-intestinal et la présence de signes ou symptômes d’autres pathologies sous-jacentes contribuant à une perte de sang ou une altération de l’absorption des nutriments. Les directives élaborées par la British Society of Gastroenterology recommandent d’obtenir les antécédents de dons de sang dans le cadre des explorations faites pour détecter un déficit en fer80.
Effets indésirables chez les donneurs de sang par aphérèse
Les dons par aphérèse prennent plus de temps que les dons de sang total et incluent une phase de réinjection qui expose également le donneur à une solution saline et du citrate. De ce fait, certains effets indésirables sont spécifiques à la procédure d’aphérèse : réactions au citrate (hypocalcémie), infiltration dans les tissus et syndrome des loges, réactions allergiques et embolie gazeuse (tableau 6). D’autres effets à long terme pouvant survenir en théorie avec les dons par aphérèse sont également évoqués ci-après.
Tableau 6 : Effets indésirables associés à l’aphérèse et fréquence 81†
| Effet indésirable | Définition | Frequency (per 10,000 donations)39 |
|---|---|---|
| Ecchymose/hématome | Changement de couleur de la peau du fait d’une fuite de sang provenant d’un vaisseau au moment de la phlébotomie | 15,9 |
| Réaction au citrate | Hyperactivité neuromusculaire liée à des niveaux réduits de calcium ionisé | 7,1 |
| Douleur au bras | Douleur liée au brassard du tensiomètre, au tourniquet ou à la position du bras | 0,44 |
|
Événement vasovagal |
Présyncope ou syncope |
|
|
Léger |
Pas de perte de connaissance |
0,61 |
|
Modéré |
Perte de connaissance < 60 sec. et absence de complications |
0,10 |
| Grave | Perte de connaissance ≥ 60 sec. sans perte de contrôle de la vessie et blessure | 0,005 |
| Infiltration | Le soluté intraveineux passe dans les tissus extravasculaires pendant le remplacement volémique (en général, seulement dans le cadre de doubles dons de globules rouges) | 0,22 |
| Lésion d’un nerf | Irritation ou lésion d’un nerf liée à l’aiguille durant la phlébotomie | 0,19 |
| Ponction d’une artère | Aiguille insérée dans une artère au lieu d’une veine | 0,16 |
| Inflammation ou infection | Rougeur ou infection au point de ponction, généralement plusieurs jours après le don | 0,07 |
| Réapparition d’un saignement | Saignement survenant au niveau du point de ponction après le don | 0,06 |
| Événement cardiovasculaire majeur | Symptômes cardiaques aigus, infarctus du myocarde, arrêt cardiaque, accident ischémique transitoire, accident vasculaire cérébral ou décès dans les 24 heures suivant le don (possiblement lié ou non au don) | 0,05 |
| Réactions allergiques locales | Éruption cutanée liée à la solution de nettoyage de la peau ou au pansement | 0,04 |
| Anaphylaxie | Réaction allergique systémique grave (deux systèmes touchés) | 0,04 |
| Hémolyse | Lésion aux cellules du donneur (obstruction/mauvaise installation des valves/tubes) et libération d’hémoglobine libre | 0 |
| Embolie gazeuse | Introduction d’une bulle d’air dans la circulation sanguine du donneur | 0 |
† Certains taux de survenue d’effets indésirables liés au don sont supérieurs chez les personnes qui donnent pour la première fois, qui sont inscrites en tant que femme ou qui sont plus jeunes (p. ex. réactions vasovagales). Des précisions à ce sujet figurent dans le texte ci-dessous.
Réactions vasovagales
Les réactions vasovagales sont moins fréquentes avec les dons par aphérèse qu’avec les dons de sang total39. Toutefois, même des réactions légères peuvent dissuader les donneurs de revenir. Par conséquent, il est essentiel de comprendre qui peut être plus à risque et d’adopter des stratégies de prévention.
Les principaux facteurs connus pour augmenter le risque de réactions vasovagales sont notamment39, 81-83 :
- Inexpérience du donneur (nouveau donneur sans expérience préalable de don de sang total);
- Âge jeune, notamment moins de 25 ans;
- Sexe féminin;
- Peur des aiguilles ou du don de sang;
- Volume sanguin total < 3,5 l;
- Volume recueilli > 18 % du volume de sang total estimé.
Certaines réactions vasovagales peuvent être évitées grâce à des procédures appropriées de sélection, de prise en charge et de conseil des donneurs. La plupart des stratégies d’atténuation du risque sont mieux étudiées pour les dons de sang total et ont été adoptées dans la prise en charge des donneurs de sang par aphérèse, y compris l’âge minimum pour le don, la tension musculaire appliquée et la consommation d’eau et d’en-cas salés avant et après le don. D’autres stratégies permettant de réduire le risque de réactions vasovagales sont notamment les suivantes83-85 :
- Critère de taille et de poids minimum, garantissant un volume de sang total supérieur ou égal à 3,5 litres.
- Volume de collecte par plasmaphérèse déterminé sur la base du pourcentage du volume sanguin total; par exemple, prélèvement initial de faibles volumes (environ 16 % du volume sanguin total), puis progresser ver un maximum préétabli d’environ 18 % du volume sanguin total.
- Remplacement volémique avec de la solution saline pour limiter la perte de volume pendant ou après la procédure.
La plupart des fournisseurs de sang prévoient des procédures minutieuses de sélection des donneurs, de prélèvement et de conseil pour limiter les risques de réactions vasovagales et préserver le bien-être du donneur.
Réaction au citrate
Le citrate est l’anticoagulant utilisé dans les circuits d’aphérèse et agit par chélation réversible du calcium86. Les donneurs de sang par aphérèse reçoivent une quantité variable de citrate en fonction du volume retourné et de la durée de la procédure. Chez les personnes en bonne santé, on estime que 3 g de citrate peut être métabolisé par le corps toutes les cinq minutes87. Après une procédure d’aphérèse, le citrate est entièrement métabolisé en quatre heures. Un excès de citrate entraîne une hypocalcémie symptomatique lorsque la concentration de calcium ionisé chute de 20 à 35 %87.
Le tableau 7 présente les symptômes associés à l’hypocalcémie en fonction de leur degré de gravité. Sachant que les donneurs sont en en bonne santé et que les symptômes d’une toxicité au citrate font l’objet d’une surveillance étroite, de telles complications sont rares et surviennent seulement chez 1,2 % des donneurs86. La toxicité au citrate a été signalée plus fréquemment lors de thrombocytaphérèse (recueil de plaquettes), une procédure plus longue par rapport à la plasmaphérèse. En général, du calcium oral est prescrit pour les prélèvements par aphérèse afin d’éviter les réactions au citrate.
La prise en charge des réactions au citrate dépend de la gravité des symptômes. Dans la plupart des cas, le débit est ralenti et le rapport sang/citrate est augmenté. On peut aussi administrer du calcium par voie orale ou intraveineuse en fonction de la gravité des symptômes et interrompre la procédure88.
Tableau 7. Symptômes de toxicité au citrate86
| Léger | Modéré | Grave |
|---|---|---|
|
|
|
Infiltration
Pendant un don par aphérèse, une infiltration peut se produire : cela correspond à la fuite du liquide reperfusé et des composants sanguins non recueillis dans le tissu mou pendant la phase de réinjection du fait d’une aiguille mal placée. Les signes typiques d’une extravasation de liquides sont notamment une mauvaise circulation sanguine via l’accès veineux, un gonflement, une pression et de la douleur. Un hématome peut se former avec le retour des globules rouges. Les petites infiltrations sont bénignes. Cependant, des accumulations de liquides plus importantes et plus profondes peuvent entraîner une compression des vaisseaux sanguins, des nerfs et des tissus. Dans des cas extrêmes, on peut observer un syndrome des loges et des dommages irréversibles des tissus et des nerfs. Les procédures d’aphérèse faisant l’objet d’une surveillance étroite, les cas d’infiltration sont extrêmement rares.
Embolie gazeuse
Une embolie gazeuse est une complication rare, mais grave des dons par aphérèse. Du fait d’une mauvaise préparation des voies d’accès, de matériel défectueux ou de manipulation incorrecte de la tubulure, des bulles d’air peuvent être injectées accidentellement dans la circulation veineuse du donneur pendant la phase de réinjection. Ces bulles d’air peuvent parvenir aux vaisseaux pulmonaires et entraîner une obstruction. Dans de nombreux cas, le petit volume d’air injecté est rapidement dissous dans le sang. On estime qu’il faut 3 à 8 ml/kg d’air pour causer une embolie gazeuse cliniquement significative. Les symptômes sont notamment la dyspnée, l’hypoxémie, la tachycardie et l’hypotension88. Il est important de détecter immédiatement cette complication. En effet, en plaçant le donneur dans la position de Trendelenburg (sur le dos, la tête plus basse que les pieds) et en décubitus latéral gauche, cela permet de déloger les bulles d’air qui retournent au ventricule droit du cœur. Une nouvelle technologie de détection de l’air incorporée aux appareils d’aphérèse réduit significativement les risques d’embolie gazeuse en arrêtant le circuit dès que des bulles sont repérées88.
Réactions allergiques graves
Des réactions allergiques systémiques graves sont signalées à raison de 0,04 don sur 10 00039. Même si ces taux sont désormais faibles, des réactions graves d’hypersensibilité étaient observées chez 1 % des donneurs de thrombocytaphérèse en 198689. Parmi les donneurs concernés, certains présentent des signes d’hypersensibilité à l’oxyde d'éthylène. Ce gaz est utilisé pour stériliser le circuit plastique des trousses jetables d’aphérèse et d’hémodialyse et sert encore aujourd’hui du fait de son efficacité et de son profil général de sécurité d’emploi (norme de surveillance des complications liées au don de sang, AABB : Standard for Surveillance of Complications Related to Blood Donation, AABB)90-92.
Lymphopénie
Après le rapport concernant la découverte fortuite de lymphopénie après thrombocytaphérèse, Gansner et coll.93 ont démontré que des thrombocytaphérèses fréquentes sont associées à une lymphopénie au niveau des lymphocytes CD4+ et CD8+ chez de nombreuses personnes. De fait, le circuit d’aphérèse inclut une chambre avec système de déleucocytation qui capture et rejette les globules blancs circulants, p. ex. les lymphocytes. Sur 20 donneurs réguliers effectuant 20 à 24 dons par an, on a découvert une numération des lymphocytes CD4+ inférieure ou égale à 200 cellules/ml chez 6 donneurs (30 %) et une faible numération des lymphocytes CD8+ chez 11 donneurs (55 %). On peut s’attendre à une perte allant jusqu’à 10 % des lymphocytes circulants CD4+ par don. Cependant, ce résultat n’a pas été associé à des effets indésirables ou des infections opportunistes chez les donneurs94. La plupart des lymphocytes se trouve dans le tissu lymphoïde, et non dans la circulation93. De plus, on peut éviter dans une certaine mesure la réduction leucocytaire grâce à un procédé de « rinçage » qui prévoit l’utilisation d’une solution saline pour renvoyer les cellules résiduelles de la tubulure dans la machine. Cela fait partie des procédures de routine effectuées à la Société canadienne du sang. La lymphopénie secondaire aux dons fréquents par aphérèse ne constitue pas une contre-indication au don.
Hypogammaglobulinémie
Des données historiques, recueillies initialement auprès de populations incarcérées souffrant de malnutrition et faisant des dons de large volume à fréquence élevée, ont montré que l’aphérèse pouvait entraîner une diminution cliniquement significative des taux d’immunoglobulines95-97. Cependant, les pratiques actuelles de plasmaphérèse ne corroborent pas ces constatations, ni ne suggèrent d’incidence sur l’immunité humorale.
En 1991, une étude canadienne menée pendant 10 ans sur 208 donneurs ayant fait plus de 18 000 dons par plasmaphérèse n’a montré aucune différence au niveau des taux d’IgG, d’IgM, de protéines sériques totales ou d’albumine98. Une étude portant sur 60 autres personnes au Canada a révélé des taux de protéines totales et d’IgG légèrement inférieurs dans le cadre de dons jusqu’à 600 ml par semaine, par rapport à des dons espacés d’au moins 14 jours. Toutefois, tous les taux de protéines revenaient ensuite dans la fourchette normale99. De plus, la baisse des taux de protéines totales a été observée au cours des trois premiers mois, avant que l’on note une stabilisation, voire une augmentation des taux de base des donneurs99.
Chez les personnes qui font des dons importants de plasma de manière fréquente, y compris jusqu’à 180 dons par an, 850 ml/don et parfois simplement 72 heures d’intervalle entre les dons, aucune diminution significative des taux de protéines n’a été constatée au cours des trois ans d’observation. Les taux de protéines sériques totales, d’albumine et d’IgG enregistrés au début et à divers intervalles de don pendant toute la période d’observation sont restés dans la fourchette normale, même après 30 à 60 dons100. Une autre étude transversale n’a montré aucune altération de l’immunité humorale et cellulaire sur une période de 36 mois parmi 483 donneurs fréquents donnant jusqu’à 45 litres de plasma par an par rapport à une population de contrôle en bonne santé et ne faisant pas de don101.
En résumé, les procédures fréquentes de plasmaphérèse de grand volume n’ont pas entraîné d’hypogammaglobulinémie ou d’altération de l’immunité humorale cliniquement significative.
Ostéoporose et exposition chronique au citrate
Les dons de plasma et de plaquettes par aphérèse peuvent être renouvelés tous les 6 et 14 jours, respectivement. Étant donné l’exposition chronique au citrate, la perte de densité osseuse chez les donneurs fréquents, notamment chez les personnes présentant un risque accru d’ostéoporose, fait partie des sujets de préoccupation théoriques. De fait, l’hypocalcémie induite par le citrate active la parathyroïde, ce qui entraîne la libération d’hormone parathyroïdienne et favorise la libération du calcium de la matrice osseuse. Aussi certains fournisseurs de sang peuvent-ils exclure du don par aphérèse les personnes qui ont des antécédents de fractures pathologiques ou d’ostéoporose. Néanmoins, peu de données viennent étayer cette pratique. L’étude randomisée ALTRUYST, publiée en 2018, n’a pas permis de mettre en évidence un impact préjudiciable sur la densité minérale osseuse chez des sujets sains ayant une densité osseuse normale qui avaient réalisé au moins 20 dons de plaquettes au cours de l’année écoulée102. De même, la base de données rétrospective SCANDAT2 n’a révélé aucun lien entre la fréquence de dons et le risque de fractures parmi 140 289 donneurs par aphérèse103.
Test des donneurs et risque d’exclusion
Tests pour les infections transmissibles par transfusion : prise en charge du donneur
De nombreux tests sérologiques sont effectués sur chaque don pour garantir la sécurité du sang. Cela inclut le dépistage d’infections transmissibles par transfusion, la détermination du groupe sanguin et la détection des anticorps. Le chapitre 6 du Guide de la pratique transfusionnelle fournit de l’information concernant les tests de dépistage effectués sur les dons de sang à la Société canadienne du sang. Un résultat positif peut entraîner un rejet de l’unité donnée et l’exclusion temporaire ou permanente du donneur pour l’ensemble des dons ou seulement certains types de procédures. Pour les donneurs, découvrir ces résultats peut avoir un impact significatif, générant anxiété, confusion et frustration. La section suivante explique les raisons derrière une exclusion et comment la Société canadienne du sang recommande aux donneurs de consulter un médecin si nécessaire ou leur propose d’autres formes de don dans la mesure du possible.
Les résultats des tests sérologiques infectieux doivent être négatifs pour étiqueter un produit sanguin. Il incombe au fournisseur de sang d’utiliser les tests de dépistage approuvés par Santé Canada, conformément aux procédures décrites au chapitre 6. Sachant que les donneurs de sang sont en bonne santé et que leurs facteurs de risque pour les infections transmissibles par transfusion sont vérifiés, la probabilité pré-test d’avoir une infection est faible. Dans ce contexte, des tests de dépistage sérologique hautement sensibles maximisent le taux de détection au prix d’un taux supérieur de résultats faussement positifs et peuvent être différents des tests utilisés à des fins diagnostiques en milieu clinique. Toutes les personnes dont les dons obtiennent un résultat positif dans le cadre des tests de dépistage sérologique hautement sensibles sont exclues, qu’une affection soit ou non confirmée ultérieurement. Le taux supérieur de résultats faussement positifs est accepté comme mesure de précaution afin d’éviter l’introduction d’un agent pathogène dans la chaîne d’approvisionnement en sang.
La Société canadienne du sang effectue un test de confirmation plus spécifique sur le don si les résultats de dépistage montrent une réactivité répétée afin de venir appuyer les conseils au donneur de sang. Si le test de dépistage est positif, mais que le test de confirmation est négatif ou indéfini, le donneur recevra un courrier l’invitant à consulter un médecin afin de confirmer les résultats à l’aide d’une analyse de sang appropriée et incluant des réponses aux questions les plus fréquentes. Si le test de confirmation est positif, la santé publique est informée le cas échéant et le donneur est directement contacté.
Les donneurs dont les résultats sont faussement positifs peuvent repasser un test dans le cadre du programme de réadmission des donneurs. D’autres tests peuvent être utilisés pour la réadmission et doivent également être approuvés par Santé Canada pour l’étiquetage du produit sanguin.
Tests pour la détermination du groupe sanguin et la détection des anticorps : prise en charge du donneur
Les tests sérologiques non infectieux effectués sur les dons de sang sont notamment les suivants : test direct à l’antiglobuline, identification des anticorps et typage ABO/RhD (voir le chapitre 6 du Guide de la pratique transfusionnelle pour une plus grande information sur la détermination du groupe sanguin et la détection des anticorps). Les donneurs ayant un résultat positif au test direct à l’antiglobuline ne peuvent pas donner de globules rouges afin d’éviter une interférence dans les banques de sang lorsque les unités sont testées pour une compatibilité croisée. Les donneurs sont alors orientés vers le don par aphérèse, même si l’unité elle-même ne présente pas nécessairement de risque pour le receveur. Les personnes ayant des allo-anticorps définis ne peuvent pas donner de produits contenant du plasma. En revanche, elles sont autorisées à faire des dons de globules rouges étant donné la faible teneur en plasma des culots globulaires. Dans le cadre du typage sanguin, toute irrégularité ABO fait l’objet d’un examen supplémentaire. La plupart des facteurs causant une irrégularité ABO imposent l’exclusion du donneur. Les donneurs possédant les sous-groupes A2, A3, et B3 ne sont pas exclus s’ils n’ont pas d’anti-A1 détectable. Enfin, tous les donneurs présentant des réactions moins fortes pendant le typage D subissent un génotypage RhD. Les personnes présentant des mutations de l’antigène D sont exclues du don de globules rouges. Les donneurs sont informés, qu’ils soient considérés RhD positif ou négatif.
Conclusion
La qualité du lien qui unit la Société canadienne du sang et les personnes qui font des dons de sang est essentielle pour le système national d’approvisionnement en sang. Dans ce contexte, la Société canadienne du sang accorde une grande importance au bien-être et à la santé de ses donneurs. Il n’est certes pas facile d’apprendre qu’une possible infection transmissible par transfusion a été détectée dans un don ou que l’on ne peut plus faire de don du fait de résultats d’analyses sérologiques. Néanmoins, la Société canadienne du sang souhaite aider ses donneurs pour qu’ils recherchent l’aide médicale dont ils ont besoin, les informer et les orienter, et leur offrir d’autres options de don dans la mesure du possible.
Crédits de développement professionnel continu
Les associés et les professionnels de la santé qui participent au Programme de maintien du certificat du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada peuvent demander que la lecture du Guide de la pratique transfusionnelle soit reconnue comme activité de développement professionnel continu au titre de la section 2 – Apprentissage individuel. Ces personnes peuvent réclamer 0,5 crédit par heure de lecture, jusqu’à hauteur de 30 crédits par année.
Les technologistes médicaux qui participent au Programme d’enrichissement professionnel de la Société canadienne de science de laboratoire médical peuvent demander que la lecture du Guide de la pratique transfusionnelle soit reconnue en tant qu’activité non vérifiée.
Remerciements
Les auteurs remercient la Dre Catherine Latour et Catherine Thibeault d’Héma-Québec, ainsi que la Dre Mindy Goldman, la Dre Michelle Zeller, le Dr Matthew Yan, Terrie Foster de la Société canadienne du sang et la Dre Jean Wang de l’Université de Toronto pour leur révision de ce chapitre.
Suggestion de citation
Bienz M, Holloway K, Khandelwal A. Bien-être des donneurs : vue d’ensemble et perspectives. Dans Khandelwal A, Brooks K, éditeurs. Guide de la pratique transfusionnelle [Internet]. Ottawa : Société canadienne du sang. 2025 [cité le JJ MM AAAA]. Chapitre 21. Disponible sur le Web : https://profedu.blood.ca/fr/transfusion/guide-clinique/bien-etre-des-donneurs-vue-densemble-et-perspectives
N’hésitez pas à nous faire part de vos suggestions et de vos questions concernant le Guide de la pratique transfusionnelle par le biais de notre formulaire.
Références
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